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Première crise de couple

Le briefing politique essentiel du matin.
Par ELISA BERTHOLOMEY
Avec ANTHONY LATTIER et SARAH PAILLOU
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BAROMÈTRE. Envie de savoir quelle est l’ambiance au sein du NFP ? Pas besoin d’assister à une réunion politique pour cela, allez plutôt au restaurant. Votre infolettre se sustentait hier dans un établissement du quartier des ministères quand elle a été témoin d’une scène pour le moins cocasse hier.
Le groupe vit bien. Attablé dans une salle annexe de ce bistrot chic prisé des politiques pour le déjeuner, Boris Vallaud, patron du groupe PS, a demandé à changer de place et à passer à l’étage quand il a vu Manuel Bompard, coordinateur national de LFI s’installer à une table à proximité de la sienne. L’histoire ne dit pas s’ils ont évoqué le projet de destitution du président de la République en se croisant…
Au vert. Le député Insoumis a réalisé très vite qu’il n’allait pas pouvoir profiter de son déj’ en paix. Marine Tondelier, Cyrielle Chatelain et Yannick Jadot avaient eux aussi décidé de s’attabler dans ce même restaurant, non loin de lui, pour une réunion écolo au sommet. La gauche, cette grande famille… Bon réveil à toutes et tous, nous sommes mercredi 19 septembre 2024.
OPÉRATION DÉMINAGE. Ils auraient voulu calmer le jeu qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Aux petites heures du matin, alors que votre serviteure avançait gaiement dans la rédaction de votre infolettre préférée, deux membres de l’entourage du président de la République ont saisi leur cellulaire pour nous faire passer les messages suivants. “Le PR laisse faire le PM et il ne bloque aucun nom”, nous a pianoté l’un ; “les difficultés sont en train d’être surmontées”, nous a juré l’autre de vive voix.
Grosse artillerie. Par deux fois, Emmanuel Macron et Michel Barnier se sont vus hier pour faire le point sur la composition du gouvernement sans que cela n’aboutisse à des nominations. Et à en croire nos deux interlocuteurs nocturnes — et non la presse — tout se déroule pour le mieux, “le PM travaille” toujours à l’architecture gouvernementale et pourrait même s’offrir le luxe de respecter le délai qu’il a lui-même fixé, à savoir, annoncer son équipe d’ici la fin de la semaine.
Conseil. Le PR, toujours disposé à laisser au PM une grande liberté de choix (comme si nous doutions), s’est tout de même permis une petite suggestion, au cas où. “Il lui a juste conseillé d’être dans l’union nationale et le respect des équilibres”, nous indiquait un proche du chef de l’Etat, sous-entendant, en creux, qu’Emmanuel Macron ne serait pas totalement satisfait de la copie présentée par le Premier ministre. Mais n’y voyez pas malice : “Il n’y a pas de no go, l’Elysée ne s’oppose à aucun nom”, insistait l’une de nos sources insomniaques. Calmer le jeu, on vous disait.
FRICTIONS OU RÉALITÉ ? Toute la journée de mercredi, la tension n’a cessé de croître entre Matignon, l’ex-majorité sortante et même l’Elysée. A tel point que la petite musique d’une démission prochaine du PM, avant même que le gouvernement soit nommé, est revenue avec insistance à nos oreilles. “Ça chauffe”, nous pianotait un conseiller de droite. “Barnier cherche une porte de sortie honorable”, nous certifiait un élu tendance bloc central. C’est justement avec ce bloc central, et plus particulièrement EPR, le groupe de Gabriel Attal à l’Assemblée, que les esprits se sont échauffés hier.
L’objet du courroux : la “méthode Barnier” et le mépris dont il ferait preuve face aux élus macronistes, déplorent nombre d’entre eux. Dès potron-minet hier, Gérald Darmanin décochait la première flèche. Le ministre démissionnaire de l’Intérieur, invité sur France 2, a martelé qu’il était “hors de question que nous rentrions ou soutenions un gouvernement qui augmente les impôts”.
Désinvités. Quelques heures plus tard, Matignon annonçait le report de la rencontre prévue en milieu de matinée entre le PM et une délégation du groupe Ensemble pour la République pour discuter ligne politique et coalition gouvernementale (on vous en parlait hier). A en croire plusieurs interlocuteurs de votre infolettre, le PM n’aurait pas voulu se retrouver acculé face à l’armada Attal-Borne-Darmanin. 
Barnier de la dernière pluie. Deuxième phase de la riposte : dans une déclaration transmise à la presse hier matin, Barnier a fustigé les “petites phrases” et appelé chacun “à la responsabilité” face à “la situation budgétaire du pays” qui est “très grave”. “Il a une vision en mode ‘c’est pas des gamins qui ont appris la politique en 2017 qui vont m’apprendre comment faire’”, tançait le conseiller d’un ministre démissionnaire.
Bis. Dans la soirée, après plusieurs heures de silence et l’annulation d’un rendez-vous avec les chefs LR, l’entourage du PM en remettait une couche. “Un certain nombre d’informations qui circulent sont inexactes. Cela ne représente en rien le projet de gouvernement souhaité par le Premier Ministre” qui “poursuit son travail”, écrivait laconiquement un conseiller, alors que circulait l’ébauche d’un gouvernement aux fortes teintes LR, que Barnier aurait proposée et Macron retoquée.
C’est là l’autre objet du courroux :  la composition du gouvernement et les postes que Barnier serait prêt à accorder à sa famille politique LR — dix ministères vous précisait Playbook hier. Un casus belli pour l’ex-majorité. “On a lâché Matignon, on accepte la défaite, les compromis sur le programme… La couleuvre, on l’a mangée. Si on peut éviter de se faire humilier”, s’emportait un conseiller gouvernemental, furibard de la façon dont les choses se déroulent. “Ils se répartissent les postes et ne traitent pas les gros poissons”, s’indignait un autre.
Erreur de casting. Au-delà des cadres EPR maltraités, Barnier aurait aussi braqué Attal en essayant de débaucher des députés qui ne lui sont pas proches, nous contait le conseiller de ministre cité plus haut. “Les députés que souhaite prendre Barnier ne lui conviennent pas”, constatait-il auprès de nous citant Astrid Panosyan-Bouvet ou Maud Bregeon, deux élues qui ne font pas partie de la garde rapprochée de l’ancien Premier ministre.
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CHACUN CHEZ SOI. Marine Le Pen et Jordan Bardella s’invitent chez Ciotti sans Ciotti (à dire dix fois très vite) : les chefs du Rassemblement national ont donné rendez-vous aux leurs pour un “grand meeting”, le 6 octobre à Nice, terre d’élection d’Eric Ciotti depuis toujours et rêve-t-il encore, ville de sa future victoire municipale. Mais le néo-allié ne sera pas du raout lepéniste.
Il n’en fallait pas plus pour que Playbook s’inquiète : pourquoi donc rater cette occasion d’afficher en public la bonne entente du toujours président des Républicains avec ses nouveaux copains ? Votre infolettre n’est pas la seule à avoir tiqué. Un conseiller du parti de droite (tendance non ciottiste), y voyait le signe que le député azuréen voulait “éviter de jeter de l’huile sur le feu”.
Qué paso ? Notre homme nous décrivait “une situation extrêmement tendue au département des Alpes-Maritimes”, où Ciotti subirait une “pression des élus pour qu’il lâche le groupe majoritaire et la commission des Finances”. Rappelons par ailleurs que le Niçois doit aussi veiller à cultiver son indépendance vis-à-vis de son puissant allié, pour ne pas disparaître dans son ombre.
BFF. Sollicité, un conseiller du parti à la flamme nous expliquait hier que les meneurs respectifs de l’Union des droites pour la République (le nouveau parti de Ciotti) et du RN en étaient é-vi-dem-ment convenus ensemble, rappelant qu’aucun élu lepéniste n’avait pointé sa trombine à la rentrée du président de l’UDR, fin août. “​​Ce sont deux événements militants, qui concernent les partis politiques, pas l’alliance parlementaire. Mais il faut n’y voir aucune interprétation supplémentaire”, nous pianotait notre homme.
BOULBI BOULGA, SUITE. Playbook s’excuse : deux de nos lecteurs sont tombés de leur lit en lisant notre lettre numérique d’hier matin. En évoquant la situation politique dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine — où une législative partielle devrait avoir lieu si Stéphane Séjourné, élu député en juillet, est bien confirmé à son poste de commissaire européen —, nous sommes revenus sur l’accord passé dès le premier tour entre LR et Renaissance dans le département lors des élections anticipées post-dissolution. Sauf que, malgré cet accord, nous avons omis de mentionner qu’une candidate estampillée LR, Virginie Mathot, s’était présentée face au secrétaire général de Renaissance.
Pour faire simple : une partie des LR locaux dont le président de la fédération du département, Philippe Juvin, et le maire de Boulogne-Billancourt, Pierre-Christophe Baguet, avait signé cet accord (Elisabeth de Maistre, adjointe au maire LR, était devenue la suppléante de Séjourné).
Une autre partie des élus LR, dont Roger Karoutchi, Gérard Larcher ou Valérie Pécresse, avait refusé toute alliance avec les macronistes dans une circo facilement gagnable pour la droite et avait soutenu Virginie Mathot, qui avait recueilli 15% des voix au premier tour.
On y retourne. Celle-ci a bien l’intention de se présenter à nouveau, nous apprenait hier Victoire Rivaton, ex-suppléante de Mathot. Justification avancée : “Une partie des électeurs de droite a voté Stéphane Séjourné par peur du NFP et a l’impression de s’être fait prendre pour des idiots en le voyant partir au bout de trois mois.”
NOUVEAU JOB POUR UNE NOUVELLE VIE. En début de semaine, Vincent Le Biez a pris la tête du pôle Environnement au cabinet de Michel Barnier. Il remplace Antoine Pellion, en poste depuis 2020, et ce faisant, met fin au double rôle de ce dernier, qui cumulait le cabinet avec le secrétariat général à la planification écologique (SGPE). Au risque de fragiliser le SGPE, selon plusieurs personnes interrogées par mon collègue Alexandre Léchenet, qui explique tout dans cet article (gratuit).
Le SGPE a été créé en 2022 pour mettre en œuvre la planification écologique. Censé être le bras armé du Premier ministre, il a un rôle “indispensable” selon l’eurodéputé Pascal Canfin, qui plaide pour son maintien : “Créer de l’analyse partagée et sortir de la bataille permanente de territoires en ministères.”
Le SGPE a pivoté ces derniers mois. Il produit plus de PowerPoints que d’arbitrages. Certains l’expliquent par le désintérêt de Gabriel Attal pour la planification écologique. D’autres par le fait que le plan est prêt (depuis novembre 2023) et qu’il faut maintenant passer à sa mise en œuvre. Plusieurs personnes sont parties ces dernières semaines, dont deux adjoints d’Antoine Pellion, comme l’avait révélé POLITICO.
En distendant le lien entre le cabinet et le SGPE, des agents en interne ou des observateurs externes craignent que le SGPE ne deviennent qu’une boîte à idées pour Matignon, et rejoigne France Stratégies ou le commissariat général au développement durable sur l’étagère des “machins” qui manquent de pouvoir. “Il faudra juste apprendre à fonctionner autrement que ce qui était le cas jusqu’à maintenant”, constate un agent du SGPE, qui estime que la clef est d’avoir “l’oreille du cabinet pour les arbitrages”.
La relation a bien commencé. Selon nos informations, dès sa nomination, le nouveau conseiller Vincent Le Biez a rencontré Antoine Pellion. Et celui-ci a obtenu la garantie de Matignon qu’il conserverait son poste (en même temps, il est nommé par le président).
Emmanuel Macron se rend à Nanterre à partir de 10h15 pour visiter l’Arboretum, un ensemble de bâtiments en bois. 
Sébastien Lecornu est en déplacement dans l’Indre-et-Loire. Il se rend sur le site Le Ripault de la Direction des applications militaires du Commissariat à l’énergie atomique, près de Tours. 
Yaël Braun-Pivet s’entretient successivement avec David Guyenne, président de la CCI de Nouvelle‐Calédonie et Charles Roger, directeur général de la même CCI, Claire Hédon, défenseure des droits et Alexandra Louis, déléguée interministérielle à l’aide aux victimes.
Gabriel Attal participe à la rentrée de la fédération Renaissance des Outre-mer en visioconférence.
Sénat : La délégation aux droits des femmes organise une table ronde sur le bilan des JOP 2024 à 8h30, avant d’auditionner des syndicats de travailleurs sociaux à 10h30. 
Journée parlementaire des groupes GDR à l’Assemblée nationale et CRCE-K au Sénat.
7h15. France 2 : Stéphanie Villers, économiste.
7h30. Public Sénat : Jérôme Durain, sénateur SER de Saône-et-Loire, vice-président de la commission des lois.   
7h40. TF1 : Sébastien Chenu, vice-président du RN, député du Nord … France 2 : Olivier Marleix, député DR d’Eure-et-Loir … RTL : Eric Woerth, ancien ministre, député EPR de l’Oise … RMC : Daniel Baal, président du CIC.   
7h45. Franceinfo : Philippe Ballard, porte-parole du RN et député de l’Oise … Radio J : Laurent Joffrin, journaliste pour son livre La conquête de la liberté.  
7h50. France Inter : Suzanne, professeure de français au collège du Bois-d’Aulne et Anis, ancien élève de Samuel Paty. 
8h00. Public Sénat : Jean-Noël Barrot, ministre délégué démissionnaire chargé de l’Europe, président MoDem de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale, député des Yvelines.  
8h10. Europe 1/CNEWS : Linda Kebbab, secrétaire nationale du syndicat de police Unité SGP Police-Force Ouvrière. 
8h15. France 2 : Eric Brocardi, porte-parole de la fédération nationale des sapeurs-pompiers … Radio Classique : Michel Goya, spécialiste de l’histoire militaire et l’analyse des conflits … BFM Business : Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée démissionnaire auprès du ministre de l’Agriculture, députée EPR du Pas-de-Calais … RMC : Daniel Riolo, consultant de RMC.
8h20. France Inter : Denis Charbit, politiste à l’Open University of Israël, Anthony Samrani, co-rédacteur en chef de L’Orient-le Jour et Agnès Levallois, vice-présidente de l’iReMMO, chargée de cours à SciencesPo … RFI : Chloé Ridel, eurodéputée PS.   
8h30. Franceinfo : Jean-Paul Chagnollaud, président de l’iReMMO … BFMTV/RMC : Vincent Jeanbrun, porte-parole du groupe DR à l’Assemblée nationale … Sud Radio : Prisca Thevenot, députée EPR des Hauts-de-Seine.  
**Comment l’UE peut-elle utiliser l’innovation afin de décarboniser le secteur de l’aviation? Rejoignez-nous le 16 octobre à l’occasion de notre événement “The uptake of technologies to fly net zero by 2050”. Inscrivez-vous dès aujourd’hui!** 
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Que faire du Haut-commissariat au Plan ? Eux ont bien leur petite idée … Les députés briefés par les experts du renseignement … Feuilleton budgétaire : ça y est, on touche le fond ? C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.
DANS LE JORF. Anastasia Wolff quitte ses fonctions de conseillère gestion résiliente de l’eau et des milieux marins au cabinet d’Hervé Berville.
MÉTÉO. Soleil sur l’ensemble de la métropole, profitons-en ! Playbook, redoutant l’hiver,  n’a pas hâte de vous répéter jour après jour qu’il faut que vous pensiez à votre parapluie.
ANNIVERSAIRES : Sandrine Josso, députée MoDem de la Loire-Atlantique … Jean-Jacques Urvoas, ancien ministre de la Justice … Jérôme Lavrilleux, ancien député européen … Christine Arrighi, députée ES de Haute-Garonne … Paul Vannier,­ député LFI du Val-d’Oise … Judith Chetrit, auteure de Paris Influence … Notre boss Marion Solletty, directrice de la rédaction France de Politico. 
PLAYLIST. On y est, on y reste: Boulbi de Booba.
Un grand merci à : Alexandre Léchenet, nos éditeurs Matthieu Verrier et  Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne. 
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